En voyant pour la première fois Océane, j'ai été interpellée par son allure vestimentaire — très recherchée sans être maniérée — et à chaque fois que je la croise, que ce soit à l'agence de communication où elle travaille, dans la rue, ou lors d'une soirée, je trouve ce que je cherche en permanence et qui me fait jubiler lorsque je le trouve : la justesse par rapport à soi-même.
C'est quelqu'un chez qui j'ai perçu immédiatement des choix personnels : elle ne porte que ce qui lui correspond vraiment. Et ce qui paraît banal, voire vulgaire, chez la plupart — une paire de baskets, un piercing, un tatouage, une couleur de cheveux surprenante — est, chez elle, singulier.
En fait, tout, chez elle, est singulier. À commencer par la façon dont elle choisit ses pièces : compte tenu de sa stature, elle a besoin de grandes tailles, qu'elle sait adapter à sa silhouette longiligne — elle a compris qu'elle avait intérêt à tirer parti des superpositions pour adapter à sa morphologie des vêtements trop larges. Par ailleurs, elle emprunte au vestiaire masculin réellement — des costumes d'homme et non des tailleurs de femme — sans travestir le moins du monde sa féminité.
Rapportant tout ce qu'elle voit à l'habillement, son imagination est sans limite. Sa culture et ses études ont structuré sa vision de l'habillement ; les Beaux Arts et surtout l'architecture l'inspirent ; elle est centrée sur la coupe, avec une prédilection pour l'hyper structuré et l'oversize.
Autre élément distinctif chez Océane : ce qui la motive dans l'habillement, c'est se faire plaisir, juste pour elle-même — pas pour se faire remarquer, séduire, intriguer, comme certains le mésentendent. Elle fait partie de ces personnes qui non seulement sont passionnées par la mode — c'est son cas depuis toute petite — mais surtout qui s'en amusent. À l'inverse de la fashionista qui se retrouve esclave tantôt consentante, tantôt aveugle, des tendances. Et qui ne cherche qu'à attirer l'attention et ne peut exister que par le regard des autres sur elle.
Océane incarne cette liberté de penser indispensable qui conduit à la virtuosité, stade où l'on peut sortir des règles nécessaires à l'apprentissage et se permettre tout ce que l'on veut, du moment que c'est pour s'exprimer avec justesse.
De façon manifeste, Océane a une facilité qui lui vient de sa prédilection pour l'habillement. Pour autant, elle y consacre de l'attention et de l'énergie. Elle est l'exemple en personne que travailler à son style personnel est source d'une immense satisfaction, celle de « parvenir à soi-même »(*).
Et le secret d'un style personnel — quel que soit l'art, qu'il soit vestimentaire, littéraire, musical ou autre — réside dans la recherche et l'expérimentation, personnelles et renouvelées une culture pratique ; de l'audace. Lorsque l'on n'a pas eu la chance de « tomber dans la marmite », la plus heureuse des solutions est de se faire accompagner sur son propre chemin, pour ne pas rester à côté de soi, et vivre vraiment sa vie.