Un visage juvénile, une silhouette hyper féminine, et une tenue vestimentaire soignée : à voir Hélène, on ne se figure pas d'emblée qu'elle exerce un métier typiquement masculin — en tout cas, selon les clichés : bûcheron. Il est vrai qu'elle est surtout artisane d'art puisqu'elle utilise des morceaux de chêne pour les transformer en divers objets de décoration utilitaires tels que lampe, table, ou même nichoir à oiseaux. Mais, avant la phase de transformation, ces morceaux de chêne, elle les récolte en utilisant l'outil emblématique du bûcheron : la tronçonneuse — l'image même de la brutalité !
Au delà du paradoxe, par son habillement, Hélène incarne son activité de prédilection, et sa marque : Bûcheron d'art. Elle montre que l'on peut exercer un métier très physique, souvent salissant, parfois dangereux, en tant que femme et en exprimant sa féminité. Pas de fausses excuses pour se laisser aller sur le plan de son image personnelle ou renier qui elle est.
Il faut dire qu'Hélène est exigeante, perfectionniste, distinctive. Et qu'elle l'affiche. Elle a conscience de ses « imperfections » — comme on les nomme couramment, mais, elle reconnaît que, comme chez chaque personne, les « défauts » sont constitutifs de soi. Ils ne deviennent des complexes que lorsqu'on subit le dénigrement et la comparaison avec les autres. Son rapport astucieux à l'habillement lui permet d'intégrer ses particularités et de les assumer avec bonheur.
Hélène vit une histoire d'amour avec l'habillement : depuis toujours, de part sa culture familiale, se vêtir avec soin et recherche relève du respect de soi-même. Elle a toujours investi dans l'habillement car elle vit les vêtements et les accessoires, ainsi que la décoration, comme une extension d'elle-même : elle a un rapport véritablement viscéral à tout cela.
Comme elle considère ses pièces comme une part d'elle-même, elle en prend bien sûr un soin extrême. Et il lui paraît tout aussi évident que ce qu'elle porte lui est confortable : quand on choisit bien ses vêtements et ses accessoires, ceux-ci ne peuvent être qu'agréables et adéquats — « vêtement confortable » n'est qu'une tautologie !
Pour autant, elle déteste le jogging — soit disant « confortable » au point d'en être le vêtement-cliché du bien-être vestimentaire, alors qu'il n'est que l'archétype du négligé.
La garde-robe d'Hélène est très fournie, de ce qu'elle porte au quotidien — et d'une collection impressionnante de paires de collants — mais aussi de pièces qu'elle ne porte plus, trésors personnels qu'elle cultive précieusement.
Par son image, assumée, Hélène montre comment l'habillement permet de donner à voir qui l'on est, dans sa singularité et sa richesse.