En grande amoureuse de l'habillement, j'ai une garde-robe très riche, mais sur laquelle j'exerce un regard toujours plus acéré. Car je ne peux ni ne souhaite accumuler une quantité astronomique de pièces. J'opère donc un tri régulièrement, plusieurs fois par an. Je repère un certain nombre de pièces, variable à chaque fois, sur lesquelles je m'arrête pour une raison bien précise je trouve souvent un problème de couleur — j'aime tellement les couleurs que j'expérimente énormément, jusqu'au moment où je reviens à ce qui m'est essentiel. Je trouve aussi des coupes qui ne me conviennent pas ou des matières qui me mettent mal à mon aise. Et enfin, c'est parfois le style qui ne correspond pas réellement à qui je suis.
Quel que soit le paramètre en question, le vêtement ou l'accessoire qui ne répond plus à mes critères de satisfaction sortent de ma garde-robe. Il me faut alors trouver leur nouvelle orientation : la revente ou le don, dans bien des cas, ou la transformation — ce que j'appelle la revalorisation.
Je vous en donne ici deux exemples, avec, dans l'un et l'autre cas, ce qui pèche et quelle transformation a permis la revalorisation.
La première pièce concernée est une robe pourtant magnifique dans son état d'origine : dans un authentique coton japonais, somptueux par son motif et sa texture, un modèle cache-cœur, dos nu et nouée sur la nuque. Et c'est précisément ces deux derniers éléments qui m'ont gênée : le nœud sur la nuque s'est vite avéré pénible (ce dont je ne me suis rendu compte qu'au moment de porter vraiment la robe, pas en cabine d'essayage), et j'ai fini par admettre que je n'aimais pas exposer mon dos et mes épaules toutes nues, car, sans en faire un complexe, comme ce sont des parties qui sont très osseuses chez moi, je trouve que je n'ai pas intérêt à en faire la vedette de ma silhouette. Or, c'était l'effet que produisait cette robe !
Dans un premier temps, la solution a été de mettre un T-shirt en-dessous de la robe, sans véritable satisfaction : cela ajoutait une épaisseur qui me donnait l'impression d'être corsetée, alors que j'ai besoin de beaucoup d'aisance et de sentir l'air circuler dans mes vêtements.
Compte tenu que je ne me sentais pas de renoncer à ce merveilleux tissu, j'ai choisi faire transformer ce vêtement. Et cette robe, estivale au départ, est devenue une jupe que je porte en fait à l'automne ou au printemps, car sa matière appelle un tissu de la même densité ; et le pull en mohair et soie avec lequel je l'assortis s'accorde bien mieux qu'un T-shirt en coton dans lequel mon buste apparaît sans rapport avec l'ampleur de la jupe. Me voici donc repartie avec une tenue toute lumineuse pour entrer dans l'automne ou sortir de l'hiver.
La seconde pièce est un joli petit haut que l'on m'avait donné, dans lequel je me sentais bien questions coupe et matière, mais dont la couleur d'origine ne me convenait pas du tout. Ça a été l'occasion de ma première expérience de teinture végétale : je l'ai fait passer d'un rose trop froid pour moi à un jaune chaud et lumineux dans lequel je me reconnais complètement. Et, de surcroît, ça a été un exemple extrêmement instructif et amusant : l'occasion de me renseigner sur les produits naturels tinctoriaux et sur le protocole à suivre, littéralement cuisiner le vêtement, observer la teinte prendre… et me sentir fière du résultat.
Au final, grâce à ces processus de revalorisation, j'ai la satisfaction unique d'avoir des vêtements totalement personnalisés et avec lesquels j'ai déjà vécu une histoire singulière.