On entend beaucoup dire que nous vivons aujourd'hui dans un monde où l'image domine et influence excessivement les relations et les activités humaines. Or, lorsqu'on dit cela, on oublie que, pour commencer, cela n'est pas exclusivement propre à notre époque, mais surtout que nous toutes et tous, nous nous exprimons au travers de comportements et d'apparences, reflets de nos états physiques, émotionnels et psychiques internes. Et il est bien difficile de faire autrement… Car nous existons grâce à ce qui est perçu de nous, à savoir notre image.
« Image », ou encore : « image personnelle » ou « image de soi ». Notre image – ou apparence—est faite d'éléments multiples, les uns relevant de notre physique (carnation, yeux, cheveux, taille, poids, état de la peau…), d'autres de notre habillement et/ou de ce qui s'y apparente (maquillage, taouages, coiffure…), et certains de nos états d'esprit, pensées, sentiments, et émotions.
Lorsqu'une personne se fait prendre en photo par un appareil (et non par un ou une photographe), on obtient une image que l'on peut qualifier d'objective. Par contre, la perception d'une personne par elle-même et par les autres est nécessairement interprétative et subjective : les autres projettent sur nous leur façon de voir (au sens large), avec leurs filtres socio-culturels et psychologiques, et, de notre côté, nous interprétons nous aussi notre propre réalité.
L'image que l'on a de soi s'élabore à la fois de l'intérieur et par l'extérieur. En effet, elle est le produit du travail que notre cerveau réalise avec les différentes informations qu'il reçoit—en bref : le croisement entre les hémisphères droit et gauche ; les connexions avec les aires visuelles, auditives, gustatives et olfactives ; les connexions avec le cerveau archaïque ; et celles qui renvoient à notre vécu plus ou moins proche, les personnes avec lesquelles nous nous sommes construit·es, notre culture… Tout cela crée des distorsions — positives ou négatives — avec notre « image objective ».
Et à cela s'ajoute le regard que les autres portent sur nous, ou plus globalement, leur retour sur nous, car cela va bien au-delà de ce qui est perçu visuellement. C'est l'image que les autres ont de nous.
L'image que les autres ont de nous est quelque chose qui est lié à un tas de phénomènes chez le « spectateur » : ses capacités sensorielles, ses affects et son état d'esprit du moment, son vécu, ses idées, ses valeurs… en bref : son cadre de référence. Et, bien sûr, on trouve — presque — autant d'images que les autres ont de nous que de personnes qui nous regardent.
L'idéal, c'est de faire coïncider ces trois figures de l'image de soi, ou, au moins, de les faire coexister en harmonie. Or, il est bien plus fréquent de voir des décalages et des tensions se créer : ne plus se reconnaître dans le miroir ou recevoir des retours discordants de soi par autrui en sont des symptômes douloureux parmi tant d'autres. La bonne nouvelle, c'est que chacun·e d'entre nous a la possibilité d'agir sur l'image que l'on a de soi (son « intérieur ») ainsi que sur l'image de soi (son « apparence ») : soit de façon intuitive, soit par une action délibérée, et parfois avec l'aide extérieure d'un·e accompagnant·e professionnel·le : psychothérapeute ou coach.