Plusieurs personnes de mon entourage disent de mon style (que ce soit mon habillement, ma coiffure, ou ma façon de parler) qu'il est personnel et singulier – autrement dit « orginal ». Et je dois dire que j'aime bien ça, tout en me demandant à quoi cela correspond réellement.
Pour commencer, quelle est la « fonction » sociale de l'originalité ? Est-ce qu'être original·e est systématiquement valorisé ? Est-on original·e selon tous les points de vue? Et ne peut-on pas distinguer différents degrés d'originalité ?
Un de mes amis m'a un jour fait remarquer qu'il me trouvait originale, en insistant bien sur la distinction entre originalité et excentricité – de façon très juste : la première est (très souvent) connotée positivement alors que la seconde beaucoup moins. Celle-ci peut même aller jusqu'à la marginalité qui, elle, est nettement péjorative. La première permet de se distinguer au sein de la communauté alors que les secondes excluent du groupe.
Je ne vous apprends pas qu'aux premiers temps de l'humanité, aucun individu ne pouvait survivre sans son groupe. Ce qui n'a d'ailleurs pas vraiment changé : nous avons besoin les un·e·s des autres et notre interdépendance nous fait bénéficier des avantages du groupe. Et en même temps, nous avons besoin de nous distinguer aux yeux des autres, et c'est pourquoi nous valorisons l'originalité. Nous le faisons d'ailleurs dans tous les domaines qui impliquent des relations sociales et interpersonnelles – dont l'habillement, vecteur principal de notre manifestation aux autres.
Bien sûr, le phénomène est complexe : on n'est jamais original·e de la même façon aux yeux de tout le monde. Selon le ou les milieux auxquels nous appartenons et que nous fréquentons, selon notre âge ou notre genre, selon le(s) rôle(s) que nous jouons en société, selon encore bien d'autres critères (qu'on les trouve légitimes ou non…), nous dégageons plus ou moins d'originalité.
Ce pull est-il original ?? pour quelqu'un qui ne porte jamais que du noir ou du marine, certainement. Mais pour une personne qui cultive son style vestimentaire depuis l'enfance et qui est exercée aux couleurs, pas vraiment. Au-delà de l'inévitable relativité de l'originalité, à mon sens, l'idéal est à chercher dans un équilibre entre son expression authentique et le respect que l'on doit aux autres – dans l'adaptation, si possible la plus ludique et la plus plaisante.
Voici quelques exemples dans mon cas :
Voici une tenue que j'ai choisie dans le cadre d'une formation que je délivrais – contexte professionnel, en collectif, devant des personnes globalement peu familiarisées avec l'habillement comme moyen d'expression personnelle.
Ici, toujours en situation professionnelle, mais lors d'un accompagnement individuel, où je peux me permettre de m'exprimer plus personnellement, et avec une intention d'émulation envers ma cliente.
C'est une de mes tenues d'été préférée, à porter le dimanche quand je profite du jardin.
Une tenue totalement polyvalente : cadre de travail ou temps de loisir, en clientèle, avec des ami·es, pour mon chéri, pour moi toute seule…
Ce qui semble évident est le recours à des couleurs — et surtout des associations — que l'on voit peu. On peut aussi bien sûr faire appel à des motifs fantaisie (sur la troisième tenue, le motif appliqué sur les trois pièces est constitué des ingrédients d'une recette de conchiglie*) ; et les mélanges de motifs, ce qui est souvent redouté, et donc évité, par les personnes qui ne souhaitent pas prendre de risques. Mais l'originalité peut — tout simplement — résider dans le raffinement, la nuance et la subtilité, éléments bien peu « tendance » aujourd'hui…
Et maintenant, à vous de jouer !