Le soleil est bien là – trop, hélas, car en ce moment, il nous assaille plus qu'il nous régénère. Et grande est la tentation d'en faire le minimum sur le plan vestimentaire : corsaire-débardeur-claquettes.
Oui, je vois cette combinaison quotidiennement en ville (donc pas uniquement à la plage – et même à la plage, on peut faire bien mieux). On est à l'extrême opposé de ce qui se pratiquait à la fin du XIXe siècle, que ce soit en terme de confort et surtout sur le plan du style :
Extraits de La Mode illustrée, 12 et 19 août 1888 : tenue de plage, tenue de réunions d'été, tenues de promenade. Probablement avec un climat différent, confort quasi nul mais élégance suprême. Moi-même, à côté, je me sens bien fruste…
Le minimum basique que l'on voit aujourd'hui est compréhensible (quoi qu'en réalité, cela n'est pas si adapté aux températures étouffantes que nous connaissons actuellement) mais si l'on a réellement envie de se sentir soi-même, être élégante et expressive à travers son habillement, on ne peut s'en contenter. C'est d'ailleurs dans les situations les plus exigeantes que l'on se distingue.
Alors, sans retourner au vestiaire du XIXe siècle, voici un panel d'exemples de tenues estivales totalement appropriées en contexte urbain, et en particulier pour se rendre au travail(*), en attendant (ou en rentrant de) les vacances.
Focus sur les matières et les coupes
Les matières à privilégier sont bien sûr naturelles (coton, lin, soie, laine mérinos, viscose) et au tissage aéré (exit la popeline, par exemple, au tissage très serré qui ne laisse pas passer l'air).
Les coupes plutôt amples, voire très amples, laissent circuler l'air et permettent d'évacuer la transpiration.
Les robes sont bien entendu un atout majeur dont il faut profiter au maximum en été. Elles peuvent être portées toutes simples, mais elles doivent alors dégager de la personnalité – par la couleur et/ou les motifs, les matières et les effets (la décoration)—et il faut les accessoiriser :
Robe en lin Monoprix, collier et boucles d'oreilles en azurite malachite. La longueur de la robe permet de se protéger du soleil ; le lin est très respirant ; la coupe légèrement ample, tout en restant flatteuse, laisse circuler l'air (on pourrait aussi ne par la porter la ceinture, tout dépend de la silhouette). La couleur remarquable donne du caractère à cette robe simplissime.
Robe en viscose Cotélac, pendentif et boucles d'oreilles dorées. Difficile d'utiliser moins de tissu que pour cette robe courte sans manches… Son intérêt stylistique se trouve dans une simplicité apparente : elle est en fait assez sophistiquée par les effets du tissu discrètement soyeux, plissé, gaufré, froissé. Sa coupe légèrement ample et à peine marquée à la taille permet la liberté de mouvement et la circulation de l'air.
Robe en viscose Cotélac, boucles d'oreilles en améthyste. Elle se suffit presque à elle-même, avec son motif un peu exhubérant et sa coupe originale qui laisse très simplement le corps évoluer. La matière est fluide et légère, presque impalpable.
Un autre concept, qui, lui, ne semble pas aller de soi :
la superposition – le layering – a priori paradoxale ici mais en réalité totalement appropriée.
La combinaison chemise en tissu fluide et léger à manches longues, ouverte et débardeur à coupe un peu ample fait jouer les deux couches de vêtements en un délicieux courant d'air (ce qui ne se produira pas du tout avec une chemise fermée), tout en protégeant du soleil.
Focus sur les chaussures
D'une façon générale, en été, on recherche une chaussure qui permet aux pieds de « respirer » et de bouger sans se blesser. Ce qui n'a rien d'évident car, sans chaussettes ni collants, la peau sensible du pied frotte facilement sur le cuir, la corde, etc… Bref, le nu-pied (qui doit être élégant de toute façon) est souvent un vrai casse-tête à trouver. Voici néanmoins des exemples de sandales soit très urbaines soit polyvalentes :
Les modèles en cuir conviennent parfaitement et uniquement en ville. Les modèles en corde souple montrées ici sont, elles, en plus d'être plutôt élégantes, polyvalentes puisqu'elles conviennent à la marche sur bitume comme dans le sable ou dans l'eau.
Lorsqu'on pense chaussures-d'été-pas-stylées, on pense souvent aux claquettes ou aux tongs, qui sont souvent carrément interdites dans certains milieux de travail. Or, il y a tongs et tongs, la preuve :
Ce n'est pas la tong (ou la claquette) en soi qui pose problème, mais, en fait comme tout élément d'habillement, sa qualité et son style.
Un détail à ne pas négliger lorsqu'on porte des nu-pieds : le vernis à ongle, qui « finit » vraiment le pied.
Vernis Mavala, nu-pieds Sorel
On peut bien sûr choisir un traditionnel rouge – d'un rouge de sa palette personnelle – mais on trouve bien d'autres coloris assez originaux et en fait plus faciles à associer (ce qui évite de devoir changer son vernis tous les jours!) comme le cuivré ou l'orangé, et aussi certains roses, prunes ou mauves.
Autre pièce sujette à controverses : le short. Ou le bermuda. Ils sont eux aussi interdits dans certains milieux professionnels, alors que, de nouveau, lorsqu'ils sont élégants et de qualité, je ne vois pas où est le problème…
Short/bermuda en coton et blouse en crêpe de viscose Sessùn. Ce « bermuda » s'arrête à mi-cuisse (comme un short) mais il a l'allure formelle du bermuda traditionnel par le choix du tissu (à la fois léger et de tenue impeccable) et les pinces ; globalement, on dirait un mini pantalon à jambes larges tels que ceux que le vestiaire féminin emprunte au vestiaire masculin. Associé à une blouse en voile de viscose aux effets raffinés (et non un simple T-shirt ou débardeur), son côté formel est accentué.
Un haut emprunté au vestiaire masculin typique de la saison estivale : le polo à manches courtes. On le trouve souvent en maille de coton mais aussi en lin ou en mérinos qui sont des matières respirantes et isothermes.
Polo en coton King Louie. Ici le polo prend un côté girly par son assemblage de couleurs et le lurex de la maille ; sa coupe un peu ajustée lui donne un charme rétro qui est parfaitement accordé au bermuda.
Pour finir, une tenue très « couvrante » mais extrêmement confortable par températures élevées.
Blouse en soie Des petits hauts, pantalon en lin et coton Cotélac. Un ensemble très arérien par les matières employées et les coupes (amples sans être informes). Confort et élégance maximales.